Séchoir à papier peint

Imaginez vous en train de vous promener dans une petite ville de banlieue. Soudain, une drôle de construction apparaît, une sorte d’excroissance en bois posée sur un bâtiment plus classique. Couverte d’un mince filet, pour retenir les volets de bois qui se seraient bien fait la malle sinon.

J’ai cherché pendant longtemps ce que ce bâtiment pouvait être, jusqu’à une recherche, pour tout autre chose, dans la base Mérimée. Une photo, en noir et blanc, quelques mots en notice, confirmant l’intérêt du bâtiment.

Alors je suis retourné sur place, j’ai posé des questions. La tannerie ? Pourquoi pas, il y avait une rivière à proximité. Mais une tannerie, ça pue. Alors pourquoi un aussi beau bâtiment ? Ce n’était pas ça. Jusqu’à ce que je lise plusieurs documents sur l’industrie le long de la Bièvre au début du 20ème siècle. Trois activités étaient installées dans le secteur: un laboratoire, une imprimerie, deux ateliers de confection de papier à tapisser et de nombreux ateliers de mécanique.

Le laboratoire, c’est celui de Marie Curie, toujours entouré de barbelé rasoir, il est inloupable. Suivant.

L’imprimerie, elle a été reconvertie en logements, ses sheds sont reconnaissables. Suivant.

Le papier peint… Pourquoi pas. Et puis une fois que le papier a été imprimé, il doit bien falloir le faire sécher…

Les ateliers, il en existe encore en face. Mais quelle peut bien être l’utilité d’un séchoir en mécanique ? Surtout au dessus d’une telle construction !

La confirmation est venue dans un documentaire sur les vieux métiers: le papier à tapisser « à l’ancienne » se réalise au pochoir ou en impression (d’une impressionnante quantité de manières) mais il doit effectivement être mis à sécher avant d’être enroulé. Les « feuilles » ayant une longueur de 10m, celà nécessite  environ 5m de hauteur.

Me revoilà dehors, pour aller vérifier. Il neigeait ce jour là. Mais c’était bien ça. Un séchoir à papier peint.

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