Quelqu’un est passé

IMG_6083Ce drôle d’endroit l’intriguait. Abandonné depuis quelques années, le temps n’avait, de l’extérieur, pas encore pu faire son oeuvre. Le rôle de ce bâtiment n’était connu de personne, tout ce que l’on en savait c’était que le propriétaire était parti voilà quelques années de ça. En tout cas, trop grand pour une simple habitation mais sans autres éléments visibles de l’extérieur, l’endroit était mystérieux. D’abord, il a fallu entrer. En cherchant, une faille est apparûe. Oh, quelque chose de très discret…

Mais suffisant.Parquet

Cette possibilité d’entrée et les déchets qui trainaient ici et là laissait penser que des gens venaient parfois. En se retournant, ses empreintes sur le sol ne laissait pas de doute: personne n’était plus passé là depuis longtemps. Toutes les portes étaient fermées, sauf une fenêtre dont le carreau cassé ouvrait la possibilité d’en savoir plus. Les premières portes furent poussées avec la crainte de ce qui allait se trouver derrière, mais ne trouvant que ce qui restait d’un bar et une montagne de publicité accumulée derrière l’ouverture de la boite aux lettres, sa curiosité n’était pas satisfaite. Il fallait aller voir à l’étage. De l’intérieur, les bâtiments étaient en bien plus mauvais état que ce qu’il y paraissait de l’extérieur. Il semblait avoir été une sorte d’hotel un peu miteux, aux nombreuses chambres vidées. Vides depuis longtemps: la tapisserie a fini de tomber des murs et c’est le plâtre qui gonfle laissant entrevoir la structure des murs. Des cabines de douches préfabriquées semblaient être la modification la plus récente, en lieu et place d’une antique salle de bains commune. Les toits crevés laissaient entrer la pluie, transformant le parquet en un original substrat de culture pour mousses et fougères qui semblaient s’y plaire, protégées du vent. Un jardin d’intérieur des plus originaux… Il restait plus que cet escalier s’enfonçait dans le sol. La cave évidemment.

IMG_6303Mais non. Ce n’était pas une cave. En tout cas ça n’y ressemblait pas: passé la première pièce, c’était plus vaste et d’une curieuse forme trapézoïdale. La plupart du temps, le plafond était refermé par des dalles posées dessus mais une pénombre baignait l’endroit car, parfois, des ouvertures laissaient entrer le jour au travers d’une végétation luxuriante. L’endroit était curieux mais loin d’être déplaisant : silencieux, il y rêgnait une chaleur confortable.

 

C’est au détour d’une galerie plus vaste que les autres qu’un escalier apparaît et, surtout, quelqu’un le descendant. Comment se pouvait il ? Toujours aucune trace au sol… Forcément, ce labyrinthe devait bien avoir plusieurs entrées.

Que faire en cet instant ? La fuite ? Imbécile, en plein milieu du passage, visible comme le nez au milieu de la figure… Et puis cet endroit m’intrique: je pourrais en savoir plus. L’idée d’en ressortir ailleurs que là où je suis entré est assez plaisante…IMG_6298

Ainsi, c’est une étrangère. Rapidement elle me fait signe de la suivre et repars dans l’autre sens. Et là c’est moi qui suis l’étranger car elle, elle connait très bien les lieux. Mais pas très locace: tout juste parviens-je à apprendre que j’étais à la limite. Mais de quoi ? La question restera en suspens. Cet endroit que eux ne dépassent pas. Pourquoi à nouveau ? Impossible de savoir. Je l’inquiète apparemment.

IMG_6259Nous ressortons au milieu de ce qui pourrait être une jungle, si ce n’était la fraicheur de l’air, l’absence de palmiers et finalement rien de tropical. Je crois que c’est l’endroit qui me donne de pareilles idées car semblable à des milliers d’autres ou la présence humaine n’est pas si courante. Seule cette espèce de porte a l’air d’avoir été fabriquée par l’homme. Enfin… Brûlée en partie, moisie, on se demande comment elle tient. Je regarde de plus près: ce n’est pas du bois mais un métal dont l’oxydation verte et grise en donne l’apparence. Ma guide n’a pas ralenti et je l’ai perdue de vue.

En tentant de la rattraper, le tunnel se fait soudain maçonné, mais à la forme exacte de la roche. Curieux. Et encore plus curieuses ces formes parallélipédiques qui surgissent.

Le temps a changé soudainement. La brume s’est abattue et j’entends des pas dans ce corridor de béton. Ma guide certainement. Quelques virages sculptés, des écritures prises dans la maçonneries, je ne ralentis pas mais elles ne ressemblent à rien que je puisse identifier. Et soudain une immense statue menaçante me fait face. Le choc passé, j’apperçois la silhouette de ma guide, attendant sur le coté.

Monstre

« C’est le gardien. Il s’éveillera quand le mal sortira du tunnel. S’il ne s’éveille pas, alors tu n’est pas celui qui détruira notre monde »