Carrière Sébillotte

Le gypse, ça sert à faire du plâtre. Selon Wikipédia, 70% des réserves françaises de gypse se trouvent dans le sous-sol de la région parisienne. Voici une ancienne exploitation qui a été réutilisée en champignonnière.

Mais pourquoi des gens sont venus creuser ici ?

Les débuts de l’extraction dateraient ici de 1838, à une époque ou la consommation de plâtre dans la région parisienne est relativement soutenue. En effet, depuis 1667, à Paris, les murs doivent être obligatoirement enduits de ce matériau pour prévenir les incendies. Le massif de gypse, qui forme une lentille couvrant la région, est aussi exploité en de nombreux endroits de la région, mais les plus grosses exploitations se trouvent le long des rivières. Le long de la Marne, puis une fois les moyens de transport mécaniques étant apparus le long de la Seine.

Deux exploitations majeures sont encore en activité: Vaujours (carrière souterraine, Lafarge) ainsi que Cormeilles en Parisis (carrière à ciel ouvert, Placoplâtre).

Le plâtre d’Evêquemont dans la littérature

Un certain nombre d’érudits se sont intéressés aux plâtrières de la région. Lavoisier en parle en ces termes:

En rabattant ensuite vers le sud, un peu inclinant vers l’ouest, on retrouve le gypse à
un quart de lieue au nord d’un village nommé Évecquemont près Meulan. On y voit une
plâtrière, laquelle est marquée sur la carte de M. de Cassini et dans laquelle on
descend par un trou. On trouve encore d’autres plâtrières exploitées le long de la
même côte près Vauxgaillard, Évecquemont, Triel, Chanteloup. Toute cette côte est à
la rive droite de la Seine. On observe encore une plâtrière vis-à-vis de la rive gauche
près du village de Villaine ; elle était ouverte en plein air dans le flanc de la montagne,
mais on l’a abandonnée à cause de la difficulté du charroi. On trouve dans le haut de
la montagne, près de la ferme de Beaulieu, une plâtrière exploitée dans laquelle on
descend par un trou.

Observations d’histoire naturelle sur les environs de Paris, 1892 (1764)

On les mentionne également dans les ouvrages scolaires anciens. Ainsi, dans les Premiers Éléments d’Industrie on s’attache à expliquer la fabrication du matériau:

Le plâtre (sulfate de chaux) est très commun dans la nature. On le trouve par bancs plus ou moins épais, qui forment quelquefois des collines entières, telles que les buttes de Montmartre et de l’Hautil.  Au sortir de la carrière, le plâtre est vulgairement désigné sous le nom de pierre à plâtre, ou plâtre cru. Avant de l’employer, on le fait cuire, c’est à dire qu’on le soumet à une calcination qui le dépouille de l’eau qu’il renferme toujours à l’état naturel. Quand il a subi cette opération, il constitue le plâtre cuit, ou plâtre proprement dit. On le réduit alors en poudre, on le passe au crible puis on l’emballe et on le livre au commerce. Le platre cuit doit être mis à l’abri du contact de l’air, surtout quand celui ci est humide : autrement, il absorberait peu à peu l’humidité, et ne pourrait plus faire prise avec l’eau quand on voudrait s’en servir : il se serait alors éventé.

Paul Leguidre, Premiers Elements d’Industrie, édition 1902

La carrière aujourd’hui

Sébillotte est une carrière souterraine relativement vaste présentant des zones d’exploitation de physionomies assez différentes, parfois curieuses pour une carrière de gypse: exploitation très basse, ou piliers tournés presque verticaux. Elle est en mauvais état, malgré la grande quantité de consolidations: les fontis sont nombreux et par endroits les ciels sont tombés sur de grandes surfaces. Qui plus est, on note un manque d’oxygène vers les fonds de poche.

La carrière devait être remblayée à l’aplomb des routes à partir de 2010.

Malgré tout celà, de beaux paysages de champignonnière et de très nombreux dessins justifient la visite dont voici quelques photos.

Pour en savoir plus:

La carrière Sébillotte

Plâtre, sur Wikipédia